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Article écrit pour l’Abonnement mensuel « Yogamrita chez Soi »

Dans le désir de combler une tension fondamentale, en lien avec sa finitude, l’être humain a cherché, depuis toujours, à comprendre le pourquoi de son existence et à apaiser une angoisse existentielle. En quête de sens, l’Homme a aussi exploré différentes approches holistiques, énergétiques et spirituelles. Au fil de ces recherches, il a développé des techniques pour améliorer ses capacités, en vue de conserver la santé, de déployer son énergie et d’élargir le champ de sa conscience… pour peut-être, un jour, expérimenter la Connaissance, la Paix Ultime, celle que l’on dit emplie de Joie sans cause. Le Hatha Yoga classique fait partie de ce courant. C’est donc pour nous connecter à notre humanité, dans sa profondeur, mais aussi à ce qui la transcende que, pendant sept mois, nous allons explorer l’approche yogique des Cakra. Commençons avec Mūlādhāra Cakra, le lotus du support de la racine » qui réside dans le corps, au niveau du périnée…

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Pour information, cet article a été complété par un rendez-vous en ligne sous forme d’un cours de yoga sur Zoom :

Mūlādhāra, Cakra du support de la racine (périnée)

Ce cours a été donné dans le cadre d’un abonnement mensuel à des pratiques de « yoga intégral et ayurveda » avec Michèle Lefèvre. Son replay reste accessible à tous les Abonnés.

 

 

Une histoire en lien avec la conscience humaine

Mūlādhāra Cakra, qui se situe au niveau du périnée, est la première roue (on dit aussi parfois « lotus ») d’énergie. Mūlādhāra Cakra est à la source de l’instinct de survie et du désir de perdurer. En effet, dans ce lieu du Mūlādhāra réside une force fondamentale, dont la source est le désir premier, celui de vivre, et donc de s’incarner pour expérimenter l’existence en ce monde. C’est pourquoi demeure aussi en Mūlādhāra Cakra l’émotion primaire/première, la peur fondamentale, celle de la mort (Abhiniveśa), source de toutes les autres peurs. La peur de perdre la vie trouve sa racine dans le sentiment de séparation. Le nouveau-né fait un avec sa mère, contre son sein. Dans cette fusion, il expérimente la sérénité. Puis, c’est la vie qui va lui faire expérimenter qu’il est séparé de sa mère, lorsque celle-ci est loin de lui et qu’il aspire à se retrouver contre elle. Plus grand, il va apprendre à expérimenter l’autonomie et à trouver satisfaction dans l’expression de sa volonté propre.

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La question existentielle

Le tout petit ne connaît pas encore le sentiment du « je », ni toute la dramaturgie existentielle qui entoure le développement de l’égo et la prise de conscience de sa finitude. Mais le sentiment d’unité, expérimenté au tout début de l’existence, laisse en l’être humain une marque. Cette mémoire lui procure un sentiment de plénitude, en lien avec sa mère, ses parents, la sécurité et l’amour reçus en début de vie… voire même une nostalgie inconsciente. Mais n’y a-t-il pas encore autre chose… une part un mystère ? Ce sentiment d’unité n’est-il pas plus grand ? le sentiment de « filiation » n’est-il pas plus vaste, voire vertigineux, s’il se tourne vers la Terre ou le Cosmos infini, dont l’humanité est l’une des innombrables émanations ? C’est ici que débute l’histoire de la spiritualité, celle du grand questionnement de l’humanité, accompagné de pratiques pour « se relier ».

Si je suis relié au « grand Tout » du Cosmos, ou à Dieu, mon énergie est connectée à une source infinie et amie. Si je me sens séparé, je suis bien peu de choses, devant cet Univers, qui peut me sembler empli de dangers. Nous allons voir que l’étude des Cakra raconte, entre autres, cette histoire.

La philosophie du Yoga nomme la nature la plus profonde de chaque être, le « Soi » ou « Atman ». La philosophie du Vendanta explique que nous avons oublié l’Atman, notre nature profonde, connectée au Cosmos, et éternelle.  Il est dit que le Soi, en nous, est comme une lanterne allumée dans une pièce sans fenêtre, qui nous représenterait. La pièce est obscure, car la lanterne est recouverte de cinq voiles ( les 5 Kosha) qui masquent totalement sa lumière. Lorsque les voiles sont retirés un à un, grâce à la « connaissance vraie », la pièce est entièrement illuminée par la lanterne… et la nature du Soi paraît. Tout sentiment égotique, toute peur et toute souffrance disparaissent alors.

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Le corps d’énergie, selon la tradition indienne

La tradition indienne explique que l’enveloppe du corps physique est animée par l’enveloppe énergétique. Cette « enveloppe » est constituée d’un fin maillage de 72 000 Nāḍī, ou canaux subtils, à l’intérieur desquels circule Prāṇa, l’énergie première ou énergie vitale. L’énergie vitale provient de la respiration, du Cosmos, des nourritures de toute sorte. Elle fluctue au cours de l’existence. Elle est fortifiée lorsque les conditions de vie sont bonne : alimentation suffisante, santé, contact avec la Nature, air de qualité, circonstances favorables, bienveillance, amour, paix. L’enveloppe de Prāṇa est altérée lorsque les conditions sont contraires et stressantes, car alors, elles n’entretiennent pas la vie que Prāṇa anime.

Le fin maillage des Nāḍī est si serré que, si on pouvait les voir, on verrait un halo de lumière plutôt homogène. Cependant, il existe des Nāḍī principales, de grands axes, un peu comme des autoroutes centrales, qui dirigent la circulation de l’énergie vitale vers la périphérie du corps, où le réseau des canaux subtils prend une forme plus arborescence: les « routes » se font plus étroites et desservent tous les espaces du corps. Au coeur de corps se trouve donc une véritable architecture de l’énergie. Exprimé autrement, on pourrait dire que le Yogī est un explorateur de la géographie interne. Il suit scrupuleusement une « carte au trésor », sur laquelle aucune étape ne peut être bâclée. En effet, il existe des embûches, des noeuds, voire aussi des dangers sur le chemin. Pour ne parler que d’eux, citons les Granthi, les trois nœuds fondamentaux auxquels se heurte en chemin tout chercheur et tout Yogī. Nous y reviendrons dans les prochains articles.

La tradition reconnaît une Nāḍī centrale et principale, nommée Suṣumṇā, autour de laquelle s’entrecroisent deux autres Nāḍī importantes: Iḍā (côté gauche) et Piṅgalā (côté droit).  Le long de Suṣumṇā se trouvent sept Cakra principaux (il en existe de nombreux secondaires). Cakra signifie « roue » ou « disque ». En réalité, c’est un tourbillon d’énergie, qui se trouve toujours à la jonction de deux ou plusieurs Nāḍī.

Généralement le niveau d’énergie des Nāḍī et Cakra principaux est faible. L’éveil de tout le potentiel de  Prāṇa est ce que vise la science et les techniques du Haṭha Yoga. Pour cela, le Yogī travaille à augmenter le niveau d’énergie vitale et à améliorer la circulation de cette énergie. Il travaille donc sur le corps et le souffle (Āsana, Prāṇāyāma, Mudrā), ainsi que sur tous les blocages physiques et psychiques, qui entravent la circulation de Prāṇa. Ce travail comprend, entre autres, celui sur les émotions négatives (telles que la peur) qui sont inhibitrices. Depuis la nuit des temps, le Yoga propose au Yogī un ensemble de techniques pour développer le retrait des sens, la concentration, l’introspection, la connaissance de soi/du Soi et la méditation.

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Mūlādhāra Cakra et pratique du yoga

La philosophie du Sāṃkhya est une tentative d’explication du monde manifesté qui catégorise la Création selon 24 (ou 25) Tattva ou réalités principielles. La théorie des Cakra reprend celle du Sāṃkhya et explique que l’Univers tout entier réside à l’intérieur de l’Homme. Ainsi, Mūlādhāra Cakra est relié à l’élément Terre Pṛthivī, la matière pleinement manifestée… et donc à l’énergie sur le plan de sa vibration la plus dense, la plus lente. Il est aussi relié au sens olfactif, au nez, et à la faculté d’élimination. On lui associe parfois les glandes surrénales. Mais revenons à Pṛthivī, la Terre. Elle représente la matière constitutive des tissus du corps et tout ce qui est dur : os, cartilages, ongles, cheveux, dents, peau, … David Frawley précise que dans le corps, elles est présente tout particulièrement dans les genoux, le bas des jambes et jusqu’aux pieds. Ceci dit, on associe aussi l’élément Terre à la zone inférieure du bassin, à l’anus, au rectum, au côlon, au coccyx et au périnée. De qualité « lourde » et « grossière », la Terre gouverne la stabilité, la forme, la taille, la solidité et la stabilité du corps.

Commençons à faire des ponts avec la pratique du yoga. C’est une première étape, que nous poursuivrons dans d’autres articles à propos de Mūlādhāra Cakra.

muladhara chakra asana montage 1

Premiers éléments pour la pratique de yoga pour Mūlādhāra

  • Mettre l’accent sur la zone basse du corps et orienter le souffle vers le bas, grâce à la respiration basse ou abdominale.
  • Apprivoiser la stabilité.
  • Faire la part belle aux postures debout, aux postures d’équilibre, et aux postures d’ancrage.
  • Privilégier les postures qui calment immédiatement (flexions avant).
  • Renforcer et assouplir les jambes.
  • Introduire Asvini Mudra : le geste de la jument = contraction/relâchement du sphincter anal et
  • Mula Bandha : la ligature de la base = remontée du périnée.
  • Développer la pratique posturale prolongée.

Suite ici : 2e article sur ce Cakra>>

Namaste,
Michèle Lefèvre, (membre FIDHY)

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

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